samedi 18 septembre 2010

Malachie 2,17 à 3,4

1. La lassitude de Dieu : Mal 2,17

Après le mépris envers Lui dont faisaient preuve les prêtres dans leur service : Ch 1, après les péchés d’adultères dont se rendaient coupables le peuple et les chefs en quittant leurs épouses juives pour s’unir à des femmes étrangères : Ch 2, Malachie présente ici un autre aspect du comportement répréhensible des juifs de son temps qui avait fini par user la patience de Dieu. Cet aspect se révèle par les paroles dures et ironiques que le peuple exprime à l’égard de Dieu.

Nous ne pouvons comprendre les paroles que rapporte ici Malachie si nous ne les replaçons pas dans leur contexte. Alors que le peuple de Dieu revenait de l’exil, le prophète Aggée nous rapporte quelques-uns des propos qu’il entendait déjà parmi le peuple : Aggée 2,3. Comparant l’éclat du nouveau temple à la gloire de celui qui le précédait, le peuple paraissait déçu. La reconstruction du temple n’avait donné lieu à aucune manifestation de la gloire de Dieu comme lors de l’inauguration du 1er : 2 Chr 7,1 à 3. Alors que le 1er temple avait vu le jour au sommet de la puissance du règne de Salomon, les juifs de l’époque de Malachie étaient toujours sous la coupe des rois de Perse desquels ils dépendaient pour obtenir leur liberté de culte. Déçus dans leurs attentes, amers de ne pas voir Dieu agir comme ils l’espéraient, la tentation était grande pour eux d’accuser Dieu de ne pas être le Dieu juste qu’Il prétend être.

Si les propos relevés ici par Malachie avaient fini par lasser la patience de Dieu, la Bible révèle que, même chez les meilleurs croyants, la tentation d’en vouloir à Dieu, en voyant comment ceux qui ne le connaissent pas prospèrent alors que ceux qui Lui appartiennent souffrent, n’est pas rare. Asaph, parmi ceux qui l’ont vécu, comme Habacuc en son temps en témoignent : Psaume 73 ; Hab 1,13. La difficulté à laquelle avaient à faire face les israélites du temps de Malachie était double :

- la 1ère est que quelles que soient les œuvres glorieuses dont Dieu ait été l’auteur dans le passé, il n’est jamais bon et juste dans la foi d’attendre que les mêmes œuvres se reproduisent. Certains événements qui se sont produits à certaines époques de la révélation ne se sont produits qu’une fois, et il n’est pas sain d’attendre de Dieu qu’ils les reproduisent : les dix plaies d’Egypte, le passage de la Mer rouge, l’effusion de l’Esprit lors de la Pentcôte avec les langues de feu et le parler en langue, les miracles opérés par Pierre et Paul… Cela est particulièrement vrai des signes accompagnant la mise en place d’une nouvelle étape dans la Révélation : Héb 2,3-4. Prétendre ou s’attendre à ce que Dieu, dans une circonstance, reproduise exactement ce qu’Il a fait dans le passé, c’est tromper ceux à qui nous faisons croire de telles choses et leur faire courir le risque d’une profonde déception. Sans pour autant ne rien attendre d’extraordinaire de la part de Dieu, nous devons nous rappeler que les temps dans lesquels Dieu agit sont différents et que Sa révélation et Ses manifestations le seront aussi.

- La seconde est que les propos tenus par ceux qui souhaitaient voir se produire le jugement de Dieu l’étaient par des hommes totalement aveugles et inconscients de leur état devant Dieu. Car, précise Malachie, lorsque viendra son jour, c’est par la maison de Dieu que commencera le jugement de Dieu et non par les peuples païens qui l'entourent : cf 1 Pierre 4,17. Attention à nous donc lorsque nous souhaitons voir arriver le jour du jugement de Dieu sur le monde. La question qui se pose est non pas : qu’est ce qui restera des méchants en ce jour-là, mais que restera-t-il de l’Eglise et du peuple de Dieu à ce moment là : Luc 3,7 à 9. C’est à nous d’abord, chrétiens, de juger de ce qui se passe au milieu de nous, sans quoi ce sera Dieu qui le fera : 1 Cor 5,1 à 5. 9 à 13 ; 11,27 à 32.

Sachons-le ! Dieu n’est et ne sera jamais ni complaisant avec le mal, ni complices de ceux qui le commettent. S’Il n’agit pas, c’est uniquement en raison de Sa patience, cette patience qui le pousse à retarder Son jugement de manière à ce que le maximum puisse se repentir : 2 Pierre 3,3-4.9. Cependant, ne nous y trompons pas, dit Pierre, le jour promis par le Seigneur viendra ; en ce jour-là, il sera alors trop tard pour régler avec Lui ce qui doit l’être : 2 Pier 3,10 à 13.

2. La venue du Messager de Dieu : 3,1 à 4

Puisque les Israélites souhaitent la venue et la manifestation du Dieu de la justice, ils vont l’avoir, annonce ici Malachie. Lucas m’a demandé récemment pour quelles raisons, dans la Bible, Dieu donnait parfois des choses pour lesquelles Il se mettait ensuite en colère contre Son peuple. La réponse est ici : si nous tenons absolument à recevoir quelque chose que Dieu n’a pas en vue de nous donner, Il peut arriver que Dieu cède à notre demande. Ce que nous recevrons cependant ne sera jamais à notre profit, mais pour notre propre malheur.

Les Israélites le désirant, Dieu, annonce Malachie en accord avec une ancienne prophétie déjà annoncée par Esaïe : Esaïe 40,3 à 5, va leur envoyer son messager. Ce messager ne viendra pas pour lui-même. Il sera envoyé pour préparer le chemin du grand Messager, le Seigneur de l’Alliance qui fera soudainement Son apparition dans le temple. Allusion est ici clairement faite à Jean-Baptiste qui, tel un Messager, sera envoyé comme précurseur pour préparer la venue du messager par excellence, le Seigneur Jésus-Christ : Mat 11,7 à 10. Il est à noter ici que, la voix de Malachie se taisant, plus aucune autre voix prophétique ne s’élèvera en Israël avant celle de Jean, le précurseur de Jésus.

Si la raison d’être principale que nous prêtons à la venue de Jésus est le salut du monde, Malachie nous révèle ici un autre aspect non négligeable de celle-ci, aspect souvent évoqué dans les Evangiles. La venue de Jésus, Messie juif dans un contexte et une culture totalement juifs est fortement liée au temple et à ce qui s’y passait. Outre le salut, la purification du culte dans le temple sera l’une des raisons majeures de la venue de Jésus.

Cette mission de purification du culte de laquelle Jésus est porteur se voit dans toutes les étapes qui, du Jourdain, le conduiront à Golgotha :

- le 1er acte fort de jugement opéré par Jésus en colère : l’expulsion manu militari des marchands du temple : Jean 2,14 à 17.

- Notons le ton toujours sévère que Jésus emploie à l’égard des religieux de son temps et de la façon avec laquelle ils détournaient les préceptes de la Parole pour servir leurs intérêts : Marc 7,1 à 13

- Notons que c’est lorsqu’Il sera dans le temple que Jésus s’en prendra de la façon la plus virulente aux scribes et aux pharisiens : Mat 21,23, les traitant d’hypocrites, de conducteurs aveugles, de serpents ou de sépulcres blanchis. C’est dans le temple qu’Il prononcera le jugement qui attend Jérusalem qui sera laissée comme une maison déserte : Mat 23,38-39

Lisant Malachie, et voyant Jésus agir, il apparaît que l’un des désirs majeurs de Dieu en envoyant Son Fils ici-bas est de susciter pour Lui un peuple de véritables adorateurs : non des adorateurs comme ceux du passé et du temps de Malachie, qui s’en tenaient à maintenir les formes légales du culte, mais des adorateurs réels « en esprit et en vérité : Jean 4,23 à 24. Il est notable à ce sujet que, alors qu’en l’an 70, les Romains détruisaient le grand Temple de Jérusalem en le rasant jusqu’à la dernière pierre, des communautés nouvelles, remplies de l’Esprit de Christ, se multipliaient dans tout l’Empire jusqu’à le saturer. Une révolution s’était opérée : la religion morte de l’Ancien Testament (le judaïsme) s’était transformée en un culte vivant rassemblant des communautés de nouveaux croyants de toutes origines, dispersées dans le monde entier. La prophétie était accomplie : la gloire du nouveau temple allait dépasser de loin celle de l’ancien, même au temps de sa splendeur sous Salomon !

3. L’application du message de Malachie pour nous :

C’est à l’image du fondeur auquel Malachie fait référence pour illustrer le processus de purification par lequel Dieu agira pour que les fils de Lévi (les prêtres) apportent à leur Dieu des offrandes qui Lui seront agréables. Ce procédé tiré de la métallurgie nous parle peu à nous qui ne sommes pas des habitués ou des experts en la matière.

Voici ce qu’en disent deux commentateurs : « L’affineur est assis. Le creuset est devant lui, et il observe à la fois l’intensité de la flamme et le métal dont les scories sont en train de se séparer… Lorsque le fondeur d’argent arrivait vers la fin de son travail, la couche d’oxide disparaissait et la surface brillante et pure de l'argent étincelait. Arrivé à ce point, une fois que toutes les scories avaient été évacuées, le fondeur voyait sa propre image se refléter à la surface de l’argent. »

Tel est le test révélateur du fait que le processus de la purification a atteint son objectif : il permet, dit le commentateur, à l’affineur de voir son propre visage se refléter dans l’objet purifié. Tel est aussi le but du travail de Jésus et de l’Esprit de Dieu dans nos vies, dit Paul : 2 Cor 3,18. Croyons que tant que ce but ne sera pas atteint, Dieu continuera à nous éprouver par le feu de l’épreuve, de manière à obtenir le résultat parfait qu’Il attend pour nos vies : Jac 1,3 à 4.

Croyons aussi que si Dieu a agi avec sévérité contre le judaïsme, qui était, au temps de Malachie, à l’un de ses niveaux les plus bas, pour le purifier, Il n’hésitera pas à le faire aussi, comme Il l’a déjà fait dans l’histoire, avec l’Eglise de Jésus-Christ. La Réforme en est un exemple parlant, elle qui s’est produite au XVIème siècle en un temps où les papes et les prêtres se vautraient dans l’immoralité et l’avarice les plus grossières (le siècle des Borgia d’où nous vient le mort orgie !)

L’avertissement donné par Malachie aux hommes de son temps : Mal 3,5, est adressé dans l’Apocalypse à l’Eglise de tous les temps : Apoc 2,5.20 à 23 ; 3,16. Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Eglises, conclut chaque lettre. Que nous puissions nous aussi entendre ce que Dieu nous dit aujourd’hui par Malachie !