Le premier verset du livre nous
situe le cadre et l’époque au cours desquels Sophonie délivra son message. Sur
les douze tribus que comptaient Israël, dix sont déjà parties en exil. Seul
subsiste le royaume de Juda, légué en piteux état à Josias par ses pères.
Josias sera reconnu comme l’un des meilleurs rois parmi tous. Habité par le
souci de réhabiliter le culte de l’Eternel, après que le livre de la loi ait
été trouvé dans les ruines du temple, Josias entreprendra de grandes
réformes : 2 Chroniques 34 et 35. Nous ne
savons pas à quel moment du règne de Josias, Sophonie s’est adressée à son
peuple. Malgré les réformes entreprises par le roi, le message de Sophonie n’a
rien de rassurant pour Juda et Jérusalem. La cause en est que Sophonie a le
regard de Dieu sur la situation. Même si Josias est entier dans sa volonté de
rétablir en Juda le culte rendu à l’Eternel, c’est loin d’être le cas chez les
autres responsables du peuple : prêtres, chefs ou prophètes… Juda est déjà
engagé trop loin sur la pente qui la mène à la ruine pour être relevé. Les
habitudes mauvaises sont trop ancrées. Sophonie annonce donc la venue du jour
de Dieu qui, certes, frappera tous les peuples ennemis d’Israël, mais ne
l’épargnera pas non plus. Le message du livre se termine cependant sur une note
d’espoir. Israël ne sera pas, comme Ninive, complètement et pour toujours
détruit. Un reste de pauvres et d’humbles subsiste au travers desquels
l’Eternel va redonner un avenir à Israël. Le jour de l’Eternel sera un jour de
jugement et de purification. Il sera suivi d’un jour de salut et de gloire pour
Israël et pour tous les peuples. Tel est le contenu général du message de
Sophonie !
V 1 à 6 :
annonce du jour de la grande moisson
Que la terre et le monde le
sache ! Les choses ne vont pas indéfiniment rester telles qu’elles sont.
Vient le jour où la grande faucheuse de Dieu va parcourir la terre et détruire
tout ce qui a vie : êtres humains, oiseaux du ciel, poissons de la mer,
bêtes de toutes sortes … L’homme, dit l’Ecriture à plusieurs reprises, est
comme l’herbe : 2 Rois 19,26 ; Psaumes
90,5 ; 92,7 ; 102,11 ; 103,15 ; Esaïe 40,6-7. Or
l’herbe n’est pas appelée à vivre toujours. Vient le jour où elle est coupée et
finit séchée pour être recueillie ou brûlée.
Sophonie n’est pas le seul
auteur de la Bible à décrire Dieu sous les traits d’un paysan. A sa suite,
Jean-Baptiste reprendra l’image. Le Christ qui vient, dira-t-il, a sa fourche à
la main. Il est venu pour nettoyer son aire, recueillir son blé et brûler la
paille : Matthieu 3,12. La moisson de Dieu
est le temps où Il met définitivement un terme au mal et à toutes les pratiques
qui en découlent : Sophonie 1,3. Le monde
ne veut plus s’en souvenir : 2 Pierre 3,5-6.
Mais ce que Dieu a fait une fois, par le déluge, Il peut le faire une seconde fois.
Et Il le refera, affirme Sophonie !
Il est inévitable que le
jugement qui va frapper le monde touche aussi le peuple de Dieu. Le peuple de
Dieu est l’endroit par excellence où le mal, de manière permanente, devrait
être jugé : cf 1 Corinthiens 5,11 à 13. Si
donc Dieu juge le mal qui est pratiqué dans le monde, à fortiori doit-Il aussi
le faire parmi le peuple de Dieu. Si le jugement qui frappe le monde a valeur
de destruction, il a, parmi le peuple de Dieu, plutôt valeur de purification.
Par le jugement, dit Sophonie, Dieu veut ôter de Juda ce qui reste de Baal, ses
prêtres et ses adorateurs, l’idolâtrie qui se pratique dans le pays, ceux qui
mélangent le culte rendu à Dieu à celui d’autres idoles païennes et, enfin,
tous ceux qui vivent comme s’Il n’existait pas : v
5 et 6. Dieu veut faire de Son peuple un peuple qui vit à Sa gloire, qui
Lui soit digne. Le jugement a donc valeur de sanctification.
Il se peut que, comme Israël et
Juda, il y a longtemps que nous soyons à Dieu. Dieu nous a fait entrer dans Son
alliance et nous sommes Son peuple. Bien des choses cependant dans nos vies ne
sont pas à Sa gloire. Elles ne relèvent pas de la foi ou de l’attachement à
Lui, mais sont comme des résidus de cultes idolâtres, des passions malsaines
desquelles nous n’arrivons pas, même avec le temps, à nous détacher. Au lieu
d’être un métal précieux et de haute qualité, il se trouve que notre foi est
mélangée. A côté de l’or précieux, il y a d’autres matériaux qui n’ont rien à y
faire. Puisque nous ne faisons pas ce qu’il faut pour qu’il en soit autrement,
la seule solution qui reste à Dieu est de le faire pour nous. Le feu de
l’épreuve et le châtiment de Dieu ont ce but : 1
Pierre 1,6-7 ; Hébreux 12,4 à 11. A travers eux, Dieu veut purifier
notre foi en éliminant d’elle les scories. Il veut nous donner de participer à
Sa sainteté. Acceptons dès maintenant la correction de Dieu ! Dieu nous
donne maintenant d’y avoir part pour que, au jour du jugement et de sa colère,
nous ne soyons pas condamnés avec le monde : 1
Corinthiens 11,32.
V 7 à 18 :
le jour du Seigneur
La crainte de Dieu, dit le
sage, est le commencement de la sagesse : Proverbes
9,10. C’est trop souvent parce qu’elle nous fait défaut que le péché, le
compromis, l’indulgence envers ce que Dieu réprouve subsistent dans nos vies.
Pour le prophète Sophonie, l’heure n’est plus pour Juda au temps de la
persuasion. Le jour du Seigneur arrive, jour où Il fera rendre compte à chacun
de sa conduite. Il en est, à l’approche de ce jour, comme à l’instant où l’on
voit une catastrophe imminente fondre sur soi. Toute parole est inutile. Chacun
est placé devant soi et la vérité de sa propre fin. C’est dans la conscience de
cette réalité que nous devrions vivre à chaque instant. Si tel était le cas,
nul doute que la crainte de Dieu nous préserverait de bien des compromis.
Habité par la conscience de
l’imminence du jour du Seigneur, l’heure n’est plus pour Sophonie au dialogue
ou aux pourparlers. Sophonie n’est pas un médiateur entre Dieu et ses frères.
C’est un héraut ! Il est là pour délivrer un message et ordonne pour se
faire le silence. De la part de Dieu, il annonce que tout est prêt : le
sacrifice est préparé et les invités sont là. Les prophètes qui précédaient
Sophonie n’étaient pas dans la même situation que lui. Il en était d’eux comme
il en est pour les mariés six mois avant la date de leur union. Invitations,
faire-part sont envoyés et chacun qui les reçoit doit se prononcer. Mais la
veille ou le jour même du mariage, il est trop tard pour se décider. Où l’on
fait partie de la fête ou on n’en fait pas. C’est avant qu’il fallait
réfléchir.
Il y a dans l’histoire du monde
beaucoup de jours terribles et dramatiques. Aucun d’eux cependant n’est
comparable à ce que Sophonie appelle le jour du Seigneur. Le jour du Seigneur
est un jour de sacrifice : v 7, le jour où
tout ce que le regard saint de Dieu ne peut supporter ici-bas et parmi Son
peuple sera détruit. C’est l’heure où Dieu demande compte à ceux qui L’ont
connu d’abord de leur conduite violente et idolâtre : v 8 et 9. En ce jour, ce ne sera plus des chants de
joie et des cris d’allégresse que l’on entendra, mais des hurlements de
désespoir et de douleur : v 10 et 11. En ce
jour, il sera inutile d’espérer échapper à Dieu. L’Eternel fouillera chaque
coin et recoin de Jérusalem comme un voleur le fait avec sa lampe. Il fera
sortir de leur apathie et de leur indolence tous ceux qui, insouciants, se sont
laissés aller à eux-mêmes sur leur couche. En un instant, tout leur sera ôté.
C’en sera fini du confort trompeur dans lequel ils vivaient. Leurs biens seront
saccagés et leurs maisons et leurs vignes passeront à d’autres : v 12 et 13.
Habité par la vision du caractère
effrayant et irrémédiable du jour du Seigneur, Sophonie n’a pas de mots
suffisamment forts pour décrire ce que sera ce jour pour l’humanité. Si
certains, lassés de voir l’iniquité s’épanouir autour d’eux, étaient tentés de
souhaiter voir ce jour venir : cf Amos 5,18,
Sophonie, avec tous ceux qui, comme lui, ont reçu la vision de ce qu’il sera,
fait tout pour les en dissuader : Joël 1,15 ;
2,1.11.31 ; Amos 5,18 à 20. Le jour de l’Eternel sera le jour de la
détresse totale pour tous les peuples. Nul homme, nul guerrier, nul stratège ne
pourra y échapper. Le jour de l’Eternel sera pour tous les pécheurs le jour du
face à face direct avec Sa colère. Ce sera le jour où toute la colère de Dieu,
contenue depuis des siècles, se donnera libre cours. Ce sera, non seulement un
jour de détresse et d’angoisse, mais un jour de ravage et de destruction totale
sur la terre, un jour où les éléments eux-mêmes serviront Dieu dans l’exécution
de ses châtiments, comme il en fut au jour de la mort de Son Fils, jour où la
nuit vint en plein midi : Matthieu 27,45.
En ce jour, les hommes du monde entier comprendront à quel point ce sur quoi
ils ont construit leur sécurité, argent et or, était vain. De leur fortune, il
ne restera rien. Tout sera réduit en cendres par le feu de la jalousie de Dieu !
Que Dieu, en ce jour, aie pitié
de nous et nous donne de considérer les choses de nos vies à la lumière de Sa
connaissance ! Tout le reste ne peut être que futile et vain !
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