samedi 17 août 2013

Sophonie 1

Le premier verset du livre nous situe le cadre et l’époque au cours desquels Sophonie délivra son message. Sur les douze tribus que comptaient Israël, dix sont déjà parties en exil. Seul subsiste le royaume de Juda, légué en piteux état à Josias par ses pères. Josias sera reconnu comme l’un des meilleurs rois parmi tous. Habité par le souci de réhabiliter le culte de l’Eternel, après que le livre de la loi ait été trouvé dans les ruines du temple, Josias entreprendra de grandes réformes : 2 Chroniques 34 et 35. Nous ne savons pas à quel moment du règne de Josias, Sophonie s’est adressée à son peuple. Malgré les réformes entreprises par le roi, le message de Sophonie n’a rien de rassurant pour Juda et Jérusalem. La cause en est que Sophonie a le regard de Dieu sur la situation. Même si Josias est entier dans sa volonté de rétablir en Juda le culte rendu à l’Eternel, c’est loin d’être le cas chez les autres responsables du peuple : prêtres, chefs ou prophètes… Juda est déjà engagé trop loin sur la pente qui la mène à la ruine pour être relevé. Les habitudes mauvaises sont trop ancrées. Sophonie annonce donc la venue du jour de Dieu qui, certes, frappera tous les peuples ennemis d’Israël, mais ne l’épargnera pas non plus. Le message du livre se termine cependant sur une note d’espoir. Israël ne sera pas, comme Ninive, complètement et pour toujours détruit. Un reste de pauvres et d’humbles subsiste au travers desquels l’Eternel va redonner un avenir à Israël. Le jour de l’Eternel sera un jour de jugement et de purification. Il sera suivi d’un jour de salut et de gloire pour Israël et pour tous les peuples. Tel est le contenu général du message de Sophonie !

V 1 à 6 : annonce du jour de la grande moisson

Que la terre et le monde le sache ! Les choses ne vont pas indéfiniment rester telles qu’elles sont. Vient le jour où la grande faucheuse de Dieu va parcourir la terre et détruire tout ce qui a vie : êtres humains, oiseaux du ciel, poissons de la mer, bêtes de toutes sortes … L’homme, dit l’Ecriture à plusieurs reprises, est comme l’herbe : 2 Rois 19,26 ; Psaumes 90,5 ; 92,7 ; 102,11 ; 103,15 ; Esaïe 40,6-7. Or l’herbe n’est pas appelée à vivre toujours. Vient le jour où elle est coupée et finit séchée pour être recueillie ou brûlée.

Sophonie n’est pas le seul auteur de la Bible à décrire Dieu sous les traits d’un paysan. A sa suite, Jean-Baptiste reprendra l’image. Le Christ qui vient, dira-t-il, a sa fourche à la main. Il est venu pour nettoyer son aire, recueillir son blé et brûler la paille : Matthieu 3,12. La moisson de Dieu est le temps où Il met définitivement un terme au mal et à toutes les pratiques qui en découlent : Sophonie 1,3. Le monde ne veut plus s’en souvenir : 2 Pierre 3,5-6. Mais ce que Dieu a fait une fois, par le déluge, Il peut le faire une seconde fois. Et Il le refera, affirme Sophonie !

Il est inévitable que le jugement qui va frapper le monde touche aussi le peuple de Dieu. Le peuple de Dieu est l’endroit par excellence où le mal, de manière permanente, devrait être jugé : cf 1 Corinthiens 5,11 à 13. Si donc Dieu juge le mal qui est pratiqué dans le monde, à fortiori doit-Il aussi le faire parmi le peuple de Dieu. Si le jugement qui frappe le monde a valeur de destruction, il a, parmi le peuple de Dieu, plutôt valeur de purification. Par le jugement, dit Sophonie, Dieu veut ôter de Juda ce qui reste de Baal, ses prêtres et ses adorateurs, l’idolâtrie qui se pratique dans le pays, ceux qui mélangent le culte rendu à Dieu à celui d’autres idoles païennes et, enfin, tous ceux qui vivent comme s’Il n’existait pas : v 5 et 6. Dieu veut faire de Son peuple un peuple qui vit à Sa gloire, qui Lui soit digne. Le jugement a donc valeur de sanctification.

Il se peut que, comme Israël et Juda, il y a longtemps que nous soyons à Dieu. Dieu nous a fait entrer dans Son alliance et nous sommes Son peuple. Bien des choses cependant dans nos vies ne sont pas à Sa gloire. Elles ne relèvent pas de la foi ou de l’attachement à Lui, mais sont comme des résidus de cultes idolâtres, des passions malsaines desquelles nous n’arrivons pas, même avec le temps, à nous détacher. Au lieu d’être un métal précieux et de haute qualité, il se trouve que notre foi est mélangée. A côté de l’or précieux, il y a d’autres matériaux qui n’ont rien à y faire. Puisque nous ne faisons pas ce qu’il faut pour qu’il en soit autrement, la seule solution qui reste à Dieu est de le faire pour nous. Le feu de l’épreuve et le châtiment de Dieu ont ce but : 1 Pierre 1,6-7 ; Hébreux 12,4 à 11. A travers eux, Dieu veut purifier notre foi en éliminant d’elle les scories. Il veut nous donner de participer à Sa sainteté. Acceptons dès maintenant la correction de Dieu ! Dieu nous donne maintenant d’y avoir part pour que, au jour du jugement et de sa colère, nous ne soyons pas condamnés avec le monde : 1 Corinthiens 11,32.

V 7 à 18 : le jour du Seigneur

La crainte de Dieu, dit le sage, est le commencement de la sagesse : Proverbes 9,10. C’est trop souvent parce qu’elle nous fait défaut que le péché, le compromis, l’indulgence envers ce que Dieu réprouve subsistent dans nos vies. Pour le prophète Sophonie, l’heure n’est plus pour Juda au temps de la persuasion. Le jour du Seigneur arrive, jour où Il fera rendre compte à chacun de sa conduite. Il en est, à l’approche de ce jour, comme à l’instant où l’on voit une catastrophe imminente fondre sur soi. Toute parole est inutile. Chacun est placé devant soi et la vérité de sa propre fin. C’est dans la conscience de cette réalité que nous devrions vivre à chaque instant. Si tel était le cas, nul doute que la crainte de Dieu nous préserverait de bien des compromis.

Habité par la conscience de l’imminence du jour du Seigneur, l’heure n’est plus pour Sophonie au dialogue ou aux pourparlers. Sophonie n’est pas un médiateur entre Dieu et ses frères. C’est un héraut ! Il est là pour délivrer un message et ordonne pour se faire le silence. De la part de Dieu, il annonce que tout est prêt : le sacrifice est préparé et les invités sont là. Les prophètes qui précédaient Sophonie n’étaient pas dans la même situation que lui. Il en était d’eux comme il en est pour les mariés six mois avant la date de leur union. Invitations, faire-part sont envoyés et chacun qui les reçoit doit se prononcer. Mais la veille ou le jour même du mariage, il est trop tard pour se décider. Où l’on fait partie de la fête ou on n’en fait pas. C’est avant qu’il fallait réfléchir.

Il y a dans l’histoire du monde beaucoup de jours terribles et dramatiques. Aucun d’eux cependant n’est comparable à ce que Sophonie appelle le jour du Seigneur. Le jour du Seigneur est un jour de sacrifice : v 7, le jour où tout ce que le regard saint de Dieu ne peut supporter ici-bas et parmi Son peuple sera détruit. C’est l’heure où Dieu demande compte à ceux qui L’ont connu d’abord de leur conduite violente et idolâtre : v 8 et 9. En ce jour, ce ne sera plus des chants de joie et des cris d’allégresse que l’on entendra, mais des hurlements de désespoir et de douleur : v 10 et 11. En ce jour, il sera inutile d’espérer échapper à Dieu. L’Eternel fouillera chaque coin et recoin de Jérusalem comme un voleur le fait avec sa lampe. Il fera sortir de leur apathie et de leur indolence tous ceux qui, insouciants, se sont laissés aller à eux-mêmes sur leur couche. En un instant, tout leur sera ôté. C’en sera fini du confort trompeur dans lequel ils vivaient. Leurs biens seront saccagés et leurs maisons et leurs vignes passeront à d’autres : v 12 et 13.

Habité par la vision du caractère effrayant et irrémédiable du jour du Seigneur, Sophonie n’a pas de mots suffisamment forts pour décrire ce que sera ce jour pour l’humanité. Si certains, lassés de voir l’iniquité s’épanouir autour d’eux, étaient tentés de souhaiter voir ce jour venir : cf Amos 5,18, Sophonie, avec tous ceux qui, comme lui, ont reçu la vision de ce qu’il sera, fait tout pour les en dissuader : Joël 1,15 ; 2,1.11.31 ; Amos 5,18 à 20. Le jour de l’Eternel sera le jour de la détresse totale pour tous les peuples. Nul homme, nul guerrier, nul stratège ne pourra y échapper. Le jour de l’Eternel sera pour tous les pécheurs le jour du face à face direct avec Sa colère. Ce sera le jour où toute la colère de Dieu, contenue depuis des siècles, se donnera libre cours. Ce sera, non seulement un jour de détresse et d’angoisse, mais un jour de ravage et de destruction totale sur la terre, un jour où les éléments eux-mêmes serviront Dieu dans l’exécution de ses châtiments, comme il en fut au jour de la mort de Son Fils, jour où la nuit vint en plein midi : Matthieu 27,45. En ce jour, les hommes du monde entier comprendront à quel point ce sur quoi ils ont construit leur sécurité, argent et or, était vain. De leur fortune, il ne restera rien. Tout sera réduit en cendres par le feu de la jalousie de Dieu !

Que Dieu, en ce jour, aie pitié de nous et nous donne de considérer les choses de nos vies à la lumière de Sa connaissance ! Tout le reste ne peut être que futile et vain !

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